Comment font les grands esprits pour prendre les bonnes décisions ?
En 1519, le conquistador espagnol Hernán Cortés débarqua sur les côtes du Mexique avec environ 600 hommes, 16 chevaux et 11 navires. Sa mission était claire : conquérir l’Empire aztèque pour le compte de la couronne espagnole. Alors que certains de ses hommes commençaient à douter et envisageaient de faire demi-tour, Cortés prit une décision radicale qui allait marquer l’histoire : il fit saborder ses propres navires.
Cette décision audacieuse ne laissait plus le choix à ses troupes : vaincre ou mourir. Il n’y avait plus de retour possible. Bien que souvent exagérée dans les récits populaires (on parle à tort de « brûler les navires »), cette action historique illustre l’importance cruciale de la prise de décision. Cortés, en éliminant toute possibilité de retraite, força ses hommes à se concentrer pleinement sur leur objectif.
Au programme :
- L’expression « brûler ses vaisseaux »
- Le défi de la prise de décision
- La méthode du pile ou face pour révéler tes véritables désirs
- La méthode du grand-père pour gagner en perspective
- Combiner les deux méthodes pour une décision éclairée
- Autres techniques complémentaires
- Surmonter la peur de la décision
- Conclusion : cultiver l’art de la décision
L’expression « brûler ses vaisseaux »
L’expression « brûler ses vaisseaux » tire son origine de cet épisode historique. Elle est utilisée aujourd’hui pour décrire une situation où l’on s’engage de manière irréversible dans une action, en s’interdisant tout retour en arrière.
Heureusement, nos décisions quotidiennes n’impliquent généralement pas de saborder des navires. Mais nous sommes constamment confrontés à des choix, des plus anodins aux plus cruciaux. Que ce soit pour choisir un plat au restaurant, décider d’un changement de carrière ou désigner la personne avec qui partager ta vie, la capacité à prendre des décisions éclairées est une compétence essentielle.
La leçon à tirer de l’histoire de Cortés n’est pas forcément d’éliminer toutes les options de repli, mais plutôt de comprendre l’importance de l’engagement et de la détermination dans la poursuite de nos objectifs. Parfois, prendre une décision ferme et s’y tenir peut être la clé du succès, même face à l’adversité.
Le défi de la prise de décision
Mais soyons honnêtes, prendre une décision n’est pas toujours une partie de plaisir. Combien de fois t’es-tu retrouvé à fixer le menu du restaurant pendant des dizaines de minutes, incapable de choisir entre le burger et la salade (oui, on y croit vraiment…) ? Ou pire, à naviguer sur Netflix pendant plus de temps que tu n’en passes à regarder le film que tu as fini par choisir ?
La prise de décision peut être particulièrement difficile pour plusieurs raisons :
- La peur de l’erreur : que va-t-il se passer si je fais le mauvais choix ?
- Le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) : et si l’autre option était la meilleure ?
- La surcharge d’informations : trop de choix tue le choix !
- La pression extérieure : que vont penser les autres de ma décision ?
- Les enjeux élevés : plus la décision est importante, plus elle est stressante.
Alors, comment faire quand on est paralysé par l’indécision ? Comment être sûr de faire le bon choix ? C’est là qu’interviennent des méthodes simples mais efficaces : la méthode du pile ou face et la méthode du grand-père. Explorons ensemble ces deux approches qui peuvent t’aider à prendre des décisions avec plus de confiance et de clarté.
La méthode du pile ou face pour révéler tes véritables désirs
La méthode du pile ou face est probablement l’une des techniques de prise de décision la plus simple à appliquer. Elle consiste à attribuer une option à chaque face de la pièce, puis à la lancer en l’air. Mais attention, le résultat du lancer n’est pas vraiment important !
Imagine Alice, une jeune diplômée qui hésite entre deux offres d’emploi : un poste dans une grande entreprise bien établie ou un rôle dans une start-up prometteuse mais risquée. Après des semaines de réflexion, elle décide d’utiliser la méthode du pile ou face pour trancher.
Elle attribue « pile » à la grande entreprise et « face » à la start-up. Au moment où la pièce tournoie dans les airs, Alice ressent une préférence claire : elle espère secrètement que la pièce tombera sur « face ».
C’est précisément là que réside la magie de cette méthode : elle ne sert pas tant à laisser le hasard décider, mais plutôt à révéler nos véritables désirs. En nous mettant face à une décision binaire et imminente, elle force notre subconscient à exprimer sa préférence.
Dans le cas d’Alice, peu importe le résultat réel du lancer. Ce qui compte, c’est qu’elle a réalisé qu’elle désirait l’aventure et l’excitation offertes par la start-up. La méthode du pile ou face lui a permis de clarifier ses priorités et ses aspirations profondes.
Cette technique est particulièrement utile pour les décisions où nous sommes tiraillés entre la raison et l’émotion. Elle permet de faire émerger nos désirs authentiques, souvent étouffés par des considérations purement rationnelles ou des pressions extérieures.
Comment appliquer la méthode du pile ou face :
- Identifie clairement les deux options qui s’offrent à toi.
- Attribue une face de la pièce à chaque option.
- Lance la pièce en l’air.
- Pendant que la pièce tourne, observe attentivement tes émotions. Quelle face espères-tu voir apparaître ?
- Peu importe le résultat du lancer, c’est ton ressenti pendant le lancer qui compte.
La méthode du grand-père pour gagner en perspective
Alors que la méthode du pile ou face se concentre sur nos réactions immédiates, la méthode du grand-père invite plutôt à prendre du recul et à adopter une perspective à long terme.
Cette approche tire son nom de l’idée de se projeter à un âge avancé et de regarder en arrière sur la décision que nous devons prendre aujourd’hui. En d’autres termes, il s’agit de se demander : « Quel choix mon futur moi de 80 ans me conseillerait-il de faire ? »
Prenons l’exemple de Thomas, un trentenaire qui hésite à quitter son emploi stable pour voyager autour du monde pendant un an. D’un côté, il craint de compromettre sa carrière et sa sécurité financière. De l’autre, il rêve d’aventures et de découvertes.
En appliquant la méthode, Thomas se projette 50 ans dans le futur. Il s’imagine à 80 ans, assis dans un fauteuil, repensant à sa vie. De cette perspective, que regretterait-il le plus ? Ne pas avoir saisi l’opportunité de voyager et de vivre une expérience unique, ou avoir pris un « risque calculé » dans sa carrière ?
Pour la plupart des gens, y compris Thomas, la réponse devient claire : le « Thomas de 80 ans » regretterait probablement davantage de ne pas avoir osé suivre son rêve. S’il ne le fait pas, il ne pourra pas raconter ses folles aventures à ses petits-enfants qui s’émerveilleront à chaque fois.
Cette projection dans le futur permet de relativiser les préoccupations à court terme et de se concentrer sur ce qui compte vraiment à long terme.
La méthode du grand-père est particulièrement efficace pour les décisions importantes qui peuvent avoir un impact durable sur notre vie. Elle nous aide à aligner nos choix avec nos valeurs profondes et nos aspirations à long terme, plutôt que de nous laisser guider uniquement par des considérations immédiates.
Comment appliquer la méthode du grand-père :
- Identifie la décision que tu dois prendre.
- Projette-toi à l’âge de 80 ans.
- Imagine-toi regarder en arrière sur ta vie.
- Demande-toi : « Quelle décision mon moi de 80 ans me conseillerait-il de prendre ? »
- Réfléchis aux regrets potentiels associés à chaque option.
- Choisis l’option qui semble la plus alignée avec tes valeurs et aspirations à long terme.
Combiner les deux méthodes pour une décision éclairée
Bien que ces deux méthodes soient puissantes individuellement, les combiner peut offrir une approche encore plus complète de la prise de décision.
Reprenons l’exemple d’Alice et de son choix de carrière. Après avoir utilisé la méthode du pile ou face et réalisé son attrait pour la start-up, elle pourrait appliquer la méthode du grand-père. En se projetant à 80 ans, elle pourrait se demander : « Qu’est-ce que je regretterais le plus : avoir pris un risque qui n’a peut-être pas payé, ou ne jamais avoir essayé de prendre ce risque ? »
Cette combinaison lui permettrait de valider son intuition initiale (révélée par le pile ou face) avec une réflexion à plus long terme. Si les deux méthodes aboutissent à la même conclusion, cela peut renforcer considérablement sa confiance dans sa décision.
Autres techniques complémentaires
En plus de ces deux méthodes, voici quelques autres techniques qui peuvent t’aider dans ta prise de décision :
La liste des pour et des contre
C’est une méthode classique mais efficace pour visualiser les avantages et les inconvénients de chaque option. Tu dois juste tracer un tableau à deux colonnes et le remplir avec tout ce qui te passe par la tête pour bien considérer la situation dans son ensemble.
La technique des 10-10-10
Pose-toi ces questions : Comment te sentiras-tu par rapport à cette décision dans 10 minutes ? Dans 10 mois ? Dans 10 ans ? Si aucun problème ne ressort de ce choix, alors c’est sûrement la décision à prendre.
La méthode de la pire des hypothèses
Imagine le pire scénario possible pour chaque option. Souvent, tu réaliseras que même le pire n’est pas si terrible. Et il y a quand même très peu de chance pour qu’il se produise.
La technique de la décision rapide
Donne-toi un délai assez court pour prendre ta décision. Cela t’empêchera de tergiverser indéfiniment et de n’en plus finir avec les arguments pour ou contre.
La consultation d’un mentor
Parfois, l’avis d’une personne expérimentée et de confiance peut apporter un éclairage précieux. Elle te permettra peut-être de voir la situation sous un autre angle.
Il est important de noter que ces méthodes, bien qu’utiles, ne sont pas infaillibles et ne conviennent pas à toutes les situations. Pour des décisions complexes impliquant de nombreux facteurs ou ayant des conséquences potentiellement graves, il est souvent nécessaire de compléter ces approches intuitives par une analyse plus approfondie et rationnelle.
De plus, ces méthodes sont des outils d’aide à la décision, pas des substituts à ton jugement. Elles sont conçues pour t’aider à clarifier tes pensées et tes sentiments, pas pour prendre la décision à ta place.
Surmonter la peur de la décision
La peur de prendre une mauvaise décision peut être paralysante. On pense toujours à ce qu’il aurait pu survenir ou à ce qu’on a peut-être loupé, mais il faut accepter qu’il n’y a pas de décision parfaite.
Il existe seulement des décisions qui correspondent plus ou moins à ce que tu recherches à un moment donné de ta vie. Chaque option aura ses avantages et ses inconvénients. En acceptant cela, tu te libères du poids de devoir prendre « LA » bonne décision et tu peux te concentrer sur la façon de tirer le meilleur parti de ton choix.
Mais attention, ne pas prendre de décision est aussi une décision en soi. L’inaction peut sembler une option sûre, un refuge confortable face à l’incertitude. Pourtant, choisir de ne rien faire a souvent des conséquences tout aussi importantes qu’une décision active. En repoussant sans cesse l’échéance, les circonstances finiront par décider pour toi et tu renonceras à ton pouvoir de façonner ton destin.
La clé pour surmonter cette paralysie, c’est d’apprendre à te faire confiance. Rappelle-toi toutes les fois où tu as su rebondir face à l’adversité ou t’adapter à des situations imprévues. Tu as en toi plus de ressources que tu ne le penses pour gérer les conséquences de tes choix.
Et comme toute compétence, la prise de décision s’améliore avec la pratique. Commence par de petites décisions au quotidien : quel livre lire, quel nouveau plat cuisiner, quel itinéraire emprunter. Chaque fois que tu décides, tu exerces ton « muscle » de la prise de décision. Avec le temps, tu deviendras plus rapide, plus confiant, et plus habile à évaluer les options qui s’offrent à toi.
N’oublie pas, l’objectif n’est pas de prendre des décisions parfaites, mais d’apprendre à naviguer avec assurance dans l’océan de possibilités qui s’offrent à toi.
Conclusion : cultiver l’art de la décision
Contrairement à Cortés, tu n’as pas besoin de saborder des navires pour prendre des décisions audacieuses. Tu as à ta disposition des méthodes simples mais puissantes pour clarifier tes choix et avancer avec confiance.
En fin de compte, l’art de la prise de décision consiste à trouver un équilibre entre l’intuition et la raison, entre les considérations à court terme et la vision à long terme. C’est un processus d’apprentissage continu, où chaque décision, qu’elle s’avère bonne ou mauvaise, est une opportunité de croissance et de compréhension de soi.
Alors la prochaine fois que tu te trouveras face à un choix difficile, n’hésite pas à utiliser ces méthodes. Tu pourrais être surpris de la clarté qu’elles peuvent apporter à tes décisions les plus complexes.
Rappelle-toi que chaque décision que tu prends te façonne et te rapproche un peu plus de la personne que tu aspires à devenir. Alors, fais-toi confiance, écoute ton intuition, réfléchis à long terme, et surtout, n’aie pas peur de décider. Car après tout, comme le disait si bien le poète Antonio Machado : « Voyageur, le chemin n’existe pas, le chemin se fait en marchant. »