Et si ta to-do list était le problème ?
Il est 9h du matin.
Je suis assis à mon bureau, mon café encore fumant à portée de main. Devant moi, mon écran affiche une page blanche qui me nargue depuis maintenant vingt bonnes minutes. J’ai une liste longue comme le bras de choses à faire aujourd’hui, mais impossible de me lancer.
Tu connais sûrement cette sensation : plus ta to-do list s’allonge, moins tu as envie de t’y mettre.
Mais j’ai trouvé un moyen de me remotiver et c’est ce dont j’aimerais te parler.
Le problème avec les to-do lists traditionnelles
Avant d’aller plus loin, faisons un constat simple : les to-do lists classiques ont quelque chose de profondément démotivant. À chaque fois que tu en écris une, tu ne fais que lister des obligations, des corvées, des choses qui « doivent » être faites. C’est comme si tu créais ta propre prison de papier, avec des barreaux faits de « il faut » et de « je dois ».
J’ai longtemps utilisé ces listes, pensant qu’elles m’aideraient à être plus productif. Mais en réalité, elles ne faisaient que me rappeler tout ce que je n’avais pas encore accompli. Chaque tâche cochée était immédiatement remplacée par trois nouvelles, créant un cercle vicieux sans fin. Plus j’avançais, plus j’avais l’impression de reculer.
Et ce n’est pas tout. Ces listes traditionnelles ont un autre défaut majeur : elles nous poussent à voir nos journées comme une suite d’obligations à remplir plutôt que comme des opportunités à saisir. Elles transforment notre temps en une ressource à optimiser plutôt qu’en moments à vivre. J’ai vu tellement de personnes devenir esclaves de leurs to-do lists, passant plus de temps à les organiser, les réorganiser et les mettre à jour qu’à réellement accomplir ce qu’elles contenaient.
La révolution de la To Start List
La To Start List propose une approche radicalement différente. C’est plus qu’une simple variante des to-do lists, c’est une véritable révolution dans la manière de concevoir nos tâches quotidiennes. Au lieu de noter ce que tu dois faire, tu vas lister ce que tu vas commencer. Ce changement de perspective peut sembler anodin au premier abord, mais il transforme complètement ta relation avec ton quotidien et tes objectifs.
Prenons un exemple concret : au lieu d’écrire « Faire la présentation pour lundi », tu vas noter « Commencer à rassembler mes idées pour la présentation ». Au lieu de « Ranger mon appartement », tu écris « Commencer par trier mon bureau ». Tu ne te concentres plus sur l’objectif final, qui peut parfois sembler écrasant, mais sur le premier pas à faire. Parce que c’est lui qui compte le plus, il va te servir de déclic et va créer l’élan dont tu as besoin pour continuer.
Cette approche change tout parce qu’elle s’aligne avec la façon dont notre cerveau fonctionne naturellement. Quand tu penses à « commencer » quelque chose plutôt qu’à « devoir » le faire, tu désamorces instantanément cette résistance qui te pousse habituellement à procrastiner. C’est comme si tu ouvrais doucement une porte au lieu d’essayer de l’enfoncer : tu crées une invitation plutôt qu’une obligation. La To Start List transforme chaque tâche en une opportunité de progression, chaque début en une promesse d’accomplissement. Elle fait de toi l’initiateur de tes actions plutôt que l’esclave de tes obligations.
Comment créer ta To Start List ?
Commençons par le moment idéal pour créer ta To Start List. J’ai remarqué qu’il est préférable de la préparer dans un moment de calme, soit le soir avant de te coucher, soit tôt le matin quand ton esprit est encore frais. Ce n’est pas anodin : tu as besoin d’espace mental pour réfléchir sereinement à ce que tu veux commencer. Personnellement, je préfère le soir, car cela me permet de me réveiller avec une direction claire pour ma journée.
La formulation est la clé de voûte de cette méthode. Chaque élément de ta liste doit commencer par « Je commence à… » ou « Je démarre…« . Ce n’est pas qu’une simple question de sémantique. Cette formulation active déclenche quelque chose dans ton cerveau : elle transforme une obligation en une initiative. C’est comme si tu passais du rôle de spectateur à celui d’acteur de ta journée. Au lieu de subir une liste de tâches, tu choisis activement ce que tu vas initier.
Vient ensuite l’étape cruciale de la décomposition. Pour chaque projet important, prends le temps de le découper en plusieurs « débuts ». Imagine que tu dois écrire un rapport. Au lieu de noter cette tâche monumentale, décompose-la en petits commencements : « Je commence à lire mes notes sur le sujet », « Je démarre l’introduction en écrivant juste la première phrase », « Je commence à structurer mes idées principales ». Cette décomposition rend l’intimidant accessible, le complexe simple, l’insurmontable réalisable.
L’art de la To Start List réside dans sa simplicité. Ne cherche pas à être exhaustif ou à tout prévoir. L’objectif n’est pas de créer un plan détaillé de bataille, mais plutôt une invitation à l’action. Pense à ces premiers pas comme à des portes que tu pourras ouvrir quand tu te sentiras prêt. Certains jours, tu n’en ouvriras qu’une seule, d’autres jours plusieurs. L’important est que chaque « début » soit suffisamment petit et accessible pour que tu n’aies aucune excuse pour ne pas le faire.
Et n’oublie pas que ta To Start List est un outil vivant qui évolue avec toi. Au fil des jours, tu apprendras à mieux calibrer tes « débuts », à identifier ceux qui te donnent le plus d’élan, à comprendre quel niveau de détail te convient le mieux. C’est un processus d’apprentissage personnel : ce qui fonctionne pour moi ne fonctionnera peut-être pas exactement pareil pour toi, et c’est parfaitement normal.
L’effet psychologique de la To Start List
Ce qui rend cette méthode si puissante, c’est qu’elle s’appuie sur un principe fascinant de la psychologie : notre cerveau déteste laisser les choses inachevées. Ce phénomène, connu sous le nom d’effet Zeigarnik, a été découvert dans les années 1920 par la psychologue Bluma Zeigarnik, alors qu’elle observait un curieux comportement chez les serveurs d’un café viennois.
Elle avait remarqué que ces serveurs se souvenaient parfaitement des commandes en cours, mais qu’une fois les tables servies et les additions réglées, ces mêmes commandes s’effaçaient presque instantanément de leur mémoire. Intriguée, elle a mené une série d’expériences qui ont révélé quelque chose de fascinant : notre cerveau maintient une tension psychologique autour des tâches inachevées, les gardant actives dans notre esprit jusqu’à leur achèvement.
C’est exactement ce mécanisme que la To Start List exploite. Une fois que tu as commencé quelque chose, ton cerveau ne peut pas s’empêcher d’y penser jusqu’à ce que ce soit terminé. C’est comme si tu créais une boucle ouverte dans ton esprit, une tension légère mais persistante qui te pousse naturellement à vouloir la refermer. Imagine un livre dont tu n’as lu que le premier chapitre : il y a de grandes chances que ton esprit soit régulièrement attiré par l’envie de connaître la suite.
Cette tension psychologique, loin d’être stressante, agit comme un moteur naturel de motivation. En démarrant une tâche, même de façon minime, tu actives cet effet Zeigarnik qui va travailler pour toi, pas contre toi. C’est pourquoi commencer est souvent la partie la plus difficile : une fois que tu as fait ce premier pas, ton cerveau lui-même devient ton allié, te poussant subtilement à continuer ce que tu as entrepris.
Les règles d’or pour réussir avec ta To Start List
Maintenant que tu comprends les mécanismes psychologiques qui font la force de la To Start List, il est temps d’explorer comment la mettre en pratique de manière durable. L’objectif n’est pas seulement de bien démarrer, mais de créer une habitude qui transformera durablement ta relation avec tes tâches quotidiennes.
Rester réaliste
La première clé du succès est de ne pas te laisser emporter par ton enthousiasme initial. Ne liste pas plus de 3-4 « débuts » par jour. J’ai appris cette leçon à mes dépens : au début, j’étais tellement enthousiasmé par cette méthode que je listais une dizaine de débuts chaque jour. Résultat ? Je me retrouvais submergé, exactement comme avec une to-do list classique. L’idée n’est pas de tout commencer en même temps, mais de créer un élan positif qui se maintient dans le temps.
Célébrer chaque début
Chaque fois que tu commences quelque chose, aussi petit soit-il, prends le temps de reconnaître ce premier pas. Cette célébration peut sembler futile, mais elle est cruciale. Notre cerveau adore les petites victoires : elles libèrent de la dopamine, ce neurotransmetteur du plaisir qui nous motive à continuer. Quand je démarre une nouvelle tâche, aussi simple soit-elle, je prends quelques secondes pour apprécier ce moment.
Ne pas te juger
La bienveillance envers soi-même est peut-être la règle la plus importante. Si tu ne commences pas tout ce que tu avais prévu, ce n’est pas grave. Certains jours, tu auras plus d’énergie que d’autres, et c’est parfaitement normal. L’important est de maintenir cette dynamique de démarrage sur le long terme, pas d’être parfait chaque jour. Pense à ton parcours comme à une longue randonnée : ce n’est pas la vitesse qui compte, mais la régularité de tes pas.
Adapter et ajuster
Au fil du temps, tu découvriras ce qui fonctionne le mieux pour toi. Peut-être préféreras-tu créer ta liste le matin plutôt que le soir, ou peut-être remarqueras-tu que certains types de « débuts » te donnent plus d’élan que d’autres. N’hésite pas à expérimenter et à affiner ta pratique. La To Start List est un outil vivant qui doit évoluer avec toi, pas une méthode rigide à suivre aveuglément.
Conclusion
La To Start List n’est pas qu’une simple variante des to-do lists traditionnelles. C’est un changement complet de paradigme qui transforme la corvée en opportunité, l’obligation en initiative. En te concentrant sur les débuts plutôt que sur les fins, tu créés naturellement cet élan dont tu as besoin pour avancer.
Alors aujourd’hui, au lieu de faire ta traditionnelle to-do list, essaie de créer ta première To Start List. Tu verras, il y a quelque chose de libérateur à se concentrer uniquement sur les commencements. Après tout, comme le disait Lao Tseu :
Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.